#Chronique n°2 : Asphodel

Bonjour à tous, aujourd’hui je vous parle de ce roman qui me tient à coeur. Je vous souhaite je l’espère une belle découverte.

Tu fus le cristal dans lequel j’ai pu contempler un soupçon d’éternité, et tes yeux, le miroir muet de mon errance.

Louise Le Bars

Auteur : Louise le Bars

Couverture et illustrations (pour le roman illustré) : Flokera

Edition : Noir d’Absinthe (leur site internet, par ICI)

Paru le : 10 septembre 2020

Nombre de pages : 228

Disponible en ebook sur amazon, et en broché

LECTURE POUR PUBLIC ADULTE ET AVERTI

Résumé :

Dans Asphodel, nous parcourons les siècles, du XVIIIè à nos jours, aux côtés d’un vampire qui – poète macabre – nous conte sept meurtres de femmes ayant marqué son existence.

Pourquoi les tue-t-il, elles en particulier ? Et quelle est cette mystérieuse entité qui prend vie au fil des lignes ?

En nous mettant dans la peau d’un monstre fantastique, le roman aborde des thématiques féministes et nous pousse à réfléchir sur les origines du mal.

Mon avis :

Avant toute chose, je vais vous expliquer pourquoi j’ai choisis de lire ce livre :

Bon déjà, il me plaisait et m’intriguait (c’est un bon début non ?), être dans la tête d’un vampire quoi de plus excitant pour la psychopathe que je suis ? (ne vous inquiétez pas vous aurez bientôt l’occasion de découvrir cela).

Mais aussi car ce roman est victime d’une polémique, dans laquelle, on accuse l’auteure (et donc évidemment cela inclus la ME, l’illustrateur, en gros toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration de ce livre) d’antiféminisme, de racisme, de culture du viol, oui oui, rien que ça.

Quelques semaines après l’acquittement d’Yvan Godbout pour son roman Hansel et Gretel de la collection contes interdits des Editions ADA, (livre que j’ai également lu), accusé d’apologie et d’incitation à la pédophilie, pour un roman horrifique, une fiction, il m’a paru important de prendre position et surtout de me faire mon propre avis quant à ce roman. J’espère donc que ma chronique vous donnera envie de lire ce livre, et de recontextualiser les choses afin que tout ce petit monde ne soit pas victime de telles accusations !

Nous vivons donc l’histoire à travers les yeux d’Asphodel, un vampire, qui répond exactement à l’image que je me fais d’un tel être. Point de mièvrerie, pas le temps pour la douceur dans le comportement de ce sanguinaire.

Asphodel est autant monstrueux qu’attachant. On sent une personnalité très complexe. Plus il trouve une femme belle, plus il a envie de la posséder, et la dévorer, au sens propre comme figuré. Il sublime les femmes, elles incarnent la beauté, la pureté, vraiment rien d’antiféministe, bien au contraire.

Il y a deux scènes un peu difficiles dans ce roman, mais elles ne sont pas du tout écrites dans la même teinte que le reste du roman (je reviens sur l’écriture après). On ressent l’horreur, la détresse des personnages, en aucun cas il n’est question d’apologie, de culture des violences dont l’œuvre parle.

Il faut aussi prendre en compte, dans ce livre, le contexte historique. Une grande partie se passe au XIXème siècle, la condition de la femme, des personnes de couleurs étaient bien différentes de celles que l’on connait aujourd’hui (bien que l’on soit encore malheureusement très loin d’un idéal même en 2020). Si ce roman suffit à faire parler de lui comme étant raciste, j’en connais bien d’autres, hautement plus condamnables.

Après ce petit laïus, je reviens sur l’écriture de Louise.

Et là… Wouah ! Je me suis prise non pas une claque, mais un mur en pleine face. Je suis juste fan ! Cette plume est magnifique, digne des plus grands romans et auteurs classiques. On ressent tout le romantisme, la sensualité, presque de l’érotisme à travers chacune des phrases (même en dehors des scènes à connotation sexuelle).

Pour ce qui est de l’histoire en elle même, je l’ai bien sur, beaucoup aimée. J’ai d’abord été surprise de ne pas avoir à faire à un roman classique. Ici, il s’agit davantage de plusieurs récits que d’un roman où vous voyez évoluer un personnage de A à Z. Mais chacun d’entre eux est très intéressant car on voit malgré tout une évolution dans ce vampire. J’ai eu parfois du mal à voir où l’auteure cherchait à nous emmener, mais au fil des pages, des liens se font, et l’on termine cette histoire en ayant tout compris, les zones d’ombres sont éclaircies. Peut être même qu’une relecture avec ce recul permettrait de mieux comprendre ce personnage tortueux, mais aussi torturé.

Pour résumé, un très bon livre, une écriture magnifique. Un personnage principal vraiment très intéressant. Point de polémique à avoir le concernant, il s’agit d’une fiction, réservée à un public adulte et averti, qui met en scène un être monstrueux digne des plus grand criminels de notre époque.

On mésestime le silence dans le jeu de l’amour : il est l’éloquence des mots qui ne savent être dits.

Louise le Bars